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le féminisme selon Barbie

Exploitation à la chaîne

le féminisme selon Barbie

Alors que la célèbre poupée Barbie fête cette année ses 65 ans, nous avons enquêté dans une usine Mattel pour confronter le discours émancipateur de la marque au quotidien de celles qui fabriquent ses poupées. Les conclusions de notre enquête, pourtant menée en dehors du pic de production de fin d’année, sont accablantes...

En 2019 puis en 2020, les enquêtes "infiltrées" que nous avons menées dans deux usines chinoises ont mis en lumière des conditions de travail éprouvantes, avec des journées de travail de 10 heures, quasiment sans interruption. Elles ont aussi montré que les ouvrières ne sont plus majoritaires sur les chaînes de production, et qu’elles subissent couramment les insultes, propos et gestes déplacés de leurs collègues, en toute impunité !

10 heures par jour, 6 jours sur 7, elles produisent chaque minute au moins 2 éléments de la célèbre poupée Barbie. Encadrées par une cascade de chefs d’équipe et de contrôleurs, elles doivent encore subir des commentaires sur leur physique, des humiliations publiques, voire du harcèlement, à l’usine ou dans les dortoirs... Mattel doit dire STOP !

Interpellée par des milliers de personnes sur la banalisation du harcèlement sexuel et des humiliations dans ses usines, le groupe Mattel a indiqué qu'il prenait nos informations au sérieux, et lançait des "audits sociaux"... avec quels résultats ?

Cette année, alors que le succès mondial du film "Barbie" s'est s’accompagné d’une explosion des ventes, nous avons décidé de vérifier sur place si Mattel avait tenu compte de nos recommandations. L’enquête a été menée en début d’année 2024 par une personne qui s’est courageusement fait engager dans l’usine chinoise où sont produites les fameuses poupées.

Malheureusement, cette nouvelle enquête confirme que rien n’a changé !

De Hollywood à l'usine

L’usine de Chang’an est connue pour offrir une solution quasi immédiate aux personnes ayant besoin de se faire un peu d’argent rapidement. On obtient un poste sans délai et, si on le souhaite, le logement est compris, les frais étant automatiquement prélevés sur le salaire. Mais ces facilités, appréciables dans un contexte de crise économique, se paient au prix fort.

Consultez notre rapport

Étant donné les conditions de travail très difficiles et les pauses limitées, le harcèlement survient principalement dans les dortoirs et sur le réseau social professionnel WeChat. Sur d’autres réseaux sociaux, les mots-clés "Chang’an Mattel" et "Dongguan Chang’an" sont régulièrement associés à des photos volées et des remarques dégradantes sur le corps de telle ou telle ouvrière.

À son arrivée, la personne qui a enquêté dans l'usine a bien été informée – en anglais ! – que le harcèlement sexuel n’est pas toléré... mais elle a constaté que les ouvrières n’osent pas se plaindre des insultes quotidiennes, des commentaires sur leur physique, voire du harcèlement sexuel qu'elles subissent...

Logées dans des dortoirs où certains de leurs collègues n’hésitent pas à rôder, voire à les siffler, les ouvrières ne se sentent pas en sécurité. Et l’affichage d’un numéro de téléphone sur une petite affiche ne suffira pas à enrayer ce fléau.

Nous demandons de vraies mesures !
 

Cette pétition s'adresse à deux directrices de Mattel en Europe

Les ouvrières de Mattel ne pourront pas travailler sereinement tant que leurs collègues pourront se permettre, en toute impunité, de les humilier voire de les agresser. Pour devenir vraiment la "meilleure entreprise où travailler pour les femmes", comme elle le clame sur son site internet, Mattel doit revoir l’organisation du travail dans ses usines.

LIRE LA LETTRE DE l'APPEL URGENT

Lettre de pétition

A l'attention de Mme Florine Dubaut, Brand Manager Barbie et Harry Potter pour Mattel EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique)
et de Mme Sandrine Markey, Responsable de la Chaîne d'approvisionnement pour Mattel en France et au Benelux

Madame,

Permettez-moi d’attirer votre attention sur les conditions de travail des personnes qui produisent les poupées Barbie. J’ai récemment appris que, dans l'usine chinoise de Mattel à Chang’an, les ouvrières sont soumises à un rythme de travail quasiment insoutenable et doivent supporter, au quotidien, des comportements inadmissibles : commentaires sur leur physique, insultes, gestes déplacés, aussi bien dans l’usine que dans les dortoires et sur les réseaux sociaux.

Votre groupe a les moyens d’amorcer un vrai changement et je vous demande donc instamment de suivre les recommandations d'ActionAid France, China Labor Watch et Christliche Initiative Romero.

Dans l’attente de connaître les mesures que prendra Mattel pour respecter ses propres engagements d’entreprise "inclusive", je vous prie de croire en l’assurance de toute ma considération.