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Barbie se moque des droits des femmes

#MadeInHell

Barbie se moque des droits des femmes

Alors que la multinationale vante les vertus émancipatrices de ses jouets, une nouvelle enquête en Chine révèle que ses ouvrières continuent d'être exploitées... voire harcelées sexuellement.

Contre ces abus, Mattel peut agir. Ensemble, demandons-lui de le faire !

Cette nouvelle enquête a été menée en partenariat avec le China Labor Watch, dont une enquêtrice s'est "infiltrée" plusieurs semaines dans l’usine Foshan Nanhai Mattel Precision Diecast. Il s'agit de l'une des usines appartenant directement à Mattel en Chine, dans la province de Guangdong, qui produit principalement des jouets en plastique.

L'enquêtrice du China Labor Watch a travaillé dans l'usine au cours de l'été 2019, c'est-à-dire au plus fort de la saison de production en prévision de Noël. Elle a partagé le quotidien des ouvrières et recueilli anonymement leurs témoignages.

3500 fois +

c'est ce que gagne Ynon Kreiz PDG de Mattel par rapport à ce que gagne une ouvrière en une année. C'est-à-dire 15 331 307 € contre 4337 euros en un an.*

 

Des salaires trop bas pour vivre

En supposant deux revenus, une ouvrière vivant dans la province de Guangdong aurait besoin d’au moins 450 € par mois pour couvrir les besoins vitaux de sa famille : logement, énergie, nourriture, habillement, santé, transports, etc. Mais en basse saison, le salaire mensuel s'élève à peine à 242 € dans l'usine de Mattel à Foshan, préfecture de la province.

Les travailleuses n’ont donc pas d’autres choix que de multiplier les heures supplémentaires. Au cours de notre enquête, les ouvrières ont travaillé plus de 27 heures supplémentaires par semaine, c'est-à-dire bien au-delà de ce qu'autorise la loi en Chine. 

 

En signant cet appel vous interpellez le directeur de Mattel France

 
LIRE LA LETTRE DE l'APPEL URGENT

Lettre de pétition

Lettre à l'attention de M. Christophe Salmon, directeur général de Mattel en France

Monsieur le Directeur Général,

Alerté·e par une enquête menée cet été dans l'une de vos usines en Chine, je vous demande d’intervenir au plus vite pour garantir le respect des droits fondamentaux des ouvriers et ouvrières dans l’ensemble de votre chaîne d’approvisionnement.

Je demande à Mattel de faire cesser les violations de droits fondamentaux dans ses usines :

  • revoir ses pratiques commerciales et éviter les comportements abusifs qui aggravent le risque de violations des droits des ouvriers et ouvrières : délai de production trop courts, course pour la rentabilité au détriment des droits fondamentaux…
  • en l'absence de liberté syndicale en Chine, permettre aux employé·e·s de rendre compte de la réalité de leurs conditions de travail et de formuler collectivement des demandes pour les améliorer, avec la pleine participation des travailleuses ; 
  • assurer le paiement d’un salaire minimum vital comme salaire de base ;
  • garantir le droit à la vie privée des ouvriers et ouvrières, notamment un temps de repos compatible avec une vie familiale normale en n’imposant pas aux ouvriers et ouvrières de faire des heures supplémentaires excessives pour avoir un salaire décent ;
  • fournir des conditions de travail respectueuses de la santé et de la sécurité des employé·e·s ;
  • fixer des quotas de production raisonnables et assurer une formation suffisante des ouvriers et ouvrières ;
  • offrir des conditions de vie décentes dans les usines ;
  • garantir un environnement de travail respectueux sans violences verbales.

Pour contrôler le respect des droits fondamentaux des travailleur·se·s, les audits sociaux étant insuffisants, il faut mettre en place des mécanismes de contrôle dont le respect sera assuré par les ouvrières et les ouvriers eux-mêmes.

Mattel doit également lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans ses usines :

  • se montrer clair avec ses collaborateur·rice·s et ses partenaires commerciaux sur une tolérance « zéro» de l’entreprise sur les violences sexistes et sexuelles ;
  • élaborer une procédure interne de signalement et de traitement de faits de harcèlement sexuel et imposer à tous ses partenaires commerciaux de prévoir des mécanismes de prise en charge des réclamations et des voies de recours accessibles à toutes les travailleuses, qui garantissent l’anonymat des plaignantes, les protègent contre des mesures de rétorsion et prévoient le licenciement des auteurs de tels actes ;
  • soutenir les victimes en leur apportant des droits sociaux spécifiques, un accompagnement juridique, psychologique et financier au besoin ;
  • permettre à des organisations locales d’organiser des formations sur les violences sexistes et sexuelles à destination des travailleurs et travailleuses, des superviseur·se·s et de la direction, les informer des voies de recours qui existent au travail et en dehors du travail ;
  • conclure des accords-cadres internationaux ou des accords avec des organisations féministes et de défense des droits humains qui intègrent les fournisseurs et sous-traitants

Dans l’attente de connaître les mesures que vous prendrez contre les violences au sein de votre chaîne d'approvisionnement, je vous prie de croire en l’assurance de toute ma considération.

"Il y a un an, je devais produire 3 800 pièces avec ma collègue, mais maintenant il faut en faire 4 500 sur la même période"

Des cadences infernales

En 1996, les ouvrier·ère·s étaient rémunéré·e·s à la pièce. Désormais, le salaire est fixe, ce qui est un progrès. Cependant, des quotas de production sont fixés et lorsqu'ils ne sont pas atteints, les ouvrier·ère·s font l’objet de pression, de blâmes publics, voire de violences verbales.

Or ces objectifs ont tendance à augmenter d'année en année.

4 sur 10

​​​​​​​c'est le nombre d'ouvrières nous ayant fait part de situations pouvant être qualifiées de harcèlement sexuel au cours de notre enquête en 2019.

Taboues mais bien réelles, les violences sexistes et sexuelles 

Plusieurs ouvrières de Foshan ont indiqué à notre enquêtrice que les jeunes femmes étaient souvent victimes de violences verbales et d’humiliations. Sur 10 femmes avec qui l'enquêtrice a pu échanger plus longuement, 4 ouvrières ont décrit des situations de harcèlement sexuel.

L'une d'elles a été suivie après le travail par deux collègues masculins qui l’ont prise en photo à son insu. Elle se sent en danger mais n’a osé en parler à personne de peur de ne pas être crue.

Une autre a déclaré qu'un collègue l'avait invitée à dîner à plusieurs reprises et qu'il revenait sans cesse à la charge : « il vient vers moi à chaque pause, je voudrais qu'il me laisse tranquille. J'ai très peur ».

Un numéro de « hotline » se trouve sur les cartes des ouvriers et ouvrières mais il n’est pas utilisé, les ouvrières ne savent pas à quoi il sert, craignent que leur anonymat ne soit pas respecté ou considèrent qu’y faire appel ne réglera rien.

Contre ce fléau, Mattel peut et doit s'engager vraiment, maintenant !

 

"Il y a beaucoup d'hommes dans cette usine et ils vont toujours demander aux jeunes saisonnières de sortir avec eux. Je suis souvent approchée par des hommes plus âgés".

Danger pour la santé

Dans l'usine Foshan Mattel, l'entreprise semble respecter ses obligations en matière d'assurance maladie et de congés mais d'importants progrès restent à faire en matière de santé et de sécurité.

En effet, les ouvrier·ère·s manipulent des produits chimiques dont certains sont toxiques, sans y avoir correctement formées et l'usine ne fournit d'équipement de protection adéquat que lorsque les ouvrières en font la demande.