A Gebze, l'arrondissement industriel qui jouxte Istanbul, l'usine Kosan Kozmetik produit des cosmétiques de la marque Flormar, acquise en 2012 par le Groupe Rocher. Elle ne veut pas entendre parler d'un syndicat en son sein... Pourtant le Groupe Rocher, le géant français des cosmétiques, plus connu sous le nom d’Yves Rocher, se vante d’être « une entreprise inclusive et ouverte », qui s’engage à « lutter contre toute forme de discrimination ». La discrimination syndicale ne semble cependant pas faire partie de ses adversaires, du moins pas partout.
A L'ORIGINE DU BRAS DE FER
Après avoir connu une forte croissance économique, la Turquie fait face depuis le début de l'année 2018 à une forte inflation. « Chaque semaine, les prix augmentent. Pour les gens c'est devenu difficile. » témoigne l'une des ouvrières en grève. Responsable d'équipe, une
autre salariée explique : « Depuis 15 ans nous n'avons eu aucune augmentation. Or depuis que notre usine a été vendue à Yves Rocher, notre entreprise a grandi, de nouveaux magasins ont ouvert. »
Pour obtenir enfin une augmentation de salaire, qui tourne actuellement autour de 1 600 livres turques (soit environ 230 €), une majorité d'ouvrières et d'ouvriers ont accepté de rejoindre le syndicat Petrol-İş, qui a lancé une campagne d'inscriptions dans l'entreprise en janvier. Jusqu'alors, aucun syndicat n'était présent dans l'entreprise mais le syndicat Petrol-İş a rapidement atteint le nombre d'adhérent·e·s nécessaire pour que sa représentativité soit reconnue par le Ministère du travail et qu'il puisse entamer une négociation collective.