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Stop à la répression syndicale en Turquie

Chez Yves Rocher, travaille et tais-toi !

Stop à la répression syndicale en Turquie

La direction de Kosan Kosmetik, une filiale à 51 % du groupe Rocher plus connu sous le nom d'Yves Rocher, a exclu ses salarié·e·s, en majorité des femmes, coupables à ses yeux de s’être syndiqué·e·s. Elles demandent leur réintégration et dénoncent l’inaction complice du groupe français. 

132 personnes

essentiellement des femmes, ont perdu leur emploi après s'être syndiquées. L'usine Kosan Kozmetik, emploie 378 personnes au total.

A Gebze, l'arrondissement industriel qui jouxte Istanbul, l'usine Kosan Kozmetik produit des cosmétiques de la marque Flormar, acquise en 2012 par le Groupe Rocher. Elle ne veut pas entendre parler d'un syndicat en son sein... Pourtant le Groupe Rocher, le géant français des cosmétiques, plus connu sous le nom d’Yves Rocher, se vante d’être « une entreprise inclusive et ouverte », qui s’engage à « lutter contre toute forme de discrimination ». La discrimination syndicale ne semble cependant pas faire partie de ses adversaires, du moins pas partout.

A L'ORIGINE DU BRAS DE FER

Après avoir connu une forte croissance économique, la Turquie fait face depuis le début de l'année 2018 à une forte inflation. « Chaque semaine, les prix augmentent. Pour les gens c'est devenu difficile. » témoigne l'une des ouvrières en grève. Responsable d'équipe, une
autre salariée explique : « Depuis 15 ans nous n'avons eu aucune augmentation. Or depuis que notre usine a été vendue à Yves Rocher, notre entreprise a grandi, de nouveaux magasins ont ouvert. »

Pour obtenir enfin  une augmentation de salaire, qui tourne actuellement autour de 1 600 livres turques (soit environ 230 €), une majorité d'ouvrières et d'ouvriers ont accepté de rejoindre le syndicat Petrol-İş, qui a lancé une campagne d'inscriptions dans l'entreprise en janvier. Jusqu'alors, aucun syndicat n'était présent dans l'entreprise mais le syndicat Petrol-İş a rapidement atteint le nombre d'adhérent·e·s nécessaire pour que sa représentativité  soit reconnue par le Ministère du travail et qu'il puisse entamer une négociation collective.

 

« J'ai adhéré le 21 mars, et ils m'ont licenciée le 23. Ils ont motivé mon licenciement par "performance basse". Ont-ils remarqué que ma performance était "basse" seulement au bout de 8 ans ? ».

DES MANOEUVRES D'INTIMIDATION

Lorsqu'elle a eu vent des premières adhésions, ladirection a réagi en licenciant une vingtaine de personnes.
Parmi les premières à être licenciées, Pinar Koca témoigne: « J'ai adhéré le 21 mars, et ils m'ont licenciée le 23. Ils ont motivé mon licenciement par "performance basse". Ont-ils remarqué que ma performance était "basse" seulement au bout de 8 ans ? ».

Devant la détermination des salarié·e·s licencié·e·s, qui manifestaient devant l'usine, les manoeuvres d'intimidation se sont multipliées, et notamment les démissions forcées :
« Pendant la pause thé, j'ai applaudi les camarades à l'extérieur pour les soutenir. Quand je suis remontée on m'a emmenée dans la salle de réunion. Là ils m'ont dit : soit tu travailles dans la productionsoit tu donnes ta démission.Moi, normalement je travaille dans les bureaux, j'ai dû donner ma démission. »

 

230 € par mois

c'est le salaire moyen dans l'usine Kosan Kozmetik, en Turquie

UNE FORTE MOBILISATION LOCALE

Depuis maintenant 6 mois, les salarié·e·s injustement privé·e·s de leur emploi manifestent devant l'usine, malgré les descentes régulières de police, qui éteignent la musique et confisquent les banderoles. 
Parallèlement, le syndicat a saisi la justice pour obtenir l'ouverture de négociations et demander leur réintégration.

Pour Süleyman Akyüz, le président de Petrol-İş , « l’enjeu de ce combat dépasse désormais l’entreprise : si on réussit à installer une organisation syndicale, on ouvre la voie dans d’autres entreprises ». Or la zone industrielle de Gebze compte des milliers de salarié·e·s, dont les yeux sont rivés sur le piquet de grève.

Pour faire aboutir leurs revendications, les ouvrières et les ouvriers ont aujourd'hui besoin de soutien.
Joignez votre voix à la leur !

"J'ai confiance dans le syndicat, mais j'attends aussi que la population de Turquie soutienne les femmes. Je fais appel particulièrement aux femmes, qu'elles ne restent pas indifférentes à la résistance."

LIRE LA LETTRE DE l'APPEL URGENT

Lettre de pétition

Message envoyé à :

Bris Rocher, PDG du groupe Rocher, 

Monsieur,

Les citoyennes et citoyens français·es, par ailleurs consommateur·rice·s de votre marque Yves Rocher, sont attentives et attentifs à la situation des personnes employées sur le site de Gebze dans l'entreprise Kosan Kosmetik.

En soutien aux 132 personnes injustement privées d'emploi en 2018, je vous demande :

de faire pression sur votre filiale pour qu'elle réintègre toutes ces personnes à leur poste antérieur, sans discrimination vis-à-vis de leur engagement syndical ;

de faire en sorte que la représentativité syndicale du syndicat majoritaire Petrol-İş, reconnue par les autorités turques le 24 mai 2018, le soit également par l'usine Kosan Kosmetik de votre marque Flormar.

Dans l'espoir que le Groupe Rocher ne laissera pas bafouer les droits de celles et ceux qui travaillent pour lui, je vous remercie de m'informer des mesures que vous aurez prises à ce sujet.

Yves Rocher invite sa clientèle à « agir en beauté ! » et célèbre la femme #BelleEtEngagée. Les femmes mobilisées à Gebze semblent avoir pris la marque au sérieux et leur slogan le prouve : « Ce n'est pas le maquillage, mais la résistance qui embellit ! »

"Le syndicat rentrera, il n'y a pas d'alternative !... Ici, les femmes sont majoritaires. Les femmes sont fortes, elles le feront !" témoigne une ouvrière.